lundi 26 janvier 2009

IL N’EST PAS ENCORE TROP TARD.-

(05/05/08)

En 1986, le pays avait connu également une crise de la vie chère, en beaucoup de points semblable à celle d’aujourd’hui, mais d’intensité moindre. En effet, les prix avaient subi une montée vertigineuse et cette période marquée par ce qu’on a appelé la bamboche démocratique était accompagnée d’une diminution de l’approvisionnement en céréales et en vivres alimentaires sur le marché local, due en partie à une suite de mauvaises récoltes. Et d’un autre coté, avec les changements sociaux-politiques créés par la chute du régime dictatorial et la montée des revendications de la population pour un mieux être, le terrain était propice pour l’adoption de mesures populaires, comme la réduction des tarifs sur les produits agricoles et l’importation massif de riz et d’autres produits alimentaires, afin de compenser le déficit temporaire de la production nationale et abaisser les prix. Malheureusement, ces mesures vont rester et même seront renforcées au détriment de la production nationale. A l’époque, en tant qu’agriculteur et voyant le danger pour nous les producteurs locaux, nous avons suggéré, de préférence, de transformer la crise en opportunité pour lancer un effort national et adopter un Plan d’Urgence capable de créer des emplois pour augmenter les revenus des familles. On devrait adopter aussi des mesures d’austérité pour réduire les dépenses de l’Etat et dégager des ressources pour financer ce plan. Mais, d’autres facteurs politiques ont prévalu sur l’intérêt national. (Nous publions en fin de texte le Plan d’Urgence que nous avions envisagé en 1986.)

L’ampleur de la crise aujourd’hui est bien plus grande. Elle a déjà créé des émeutes dans plusieurs villes du pays et dans la capitale. D’essence conjoncturelle, cette crise pourrait devenir structurelle, si les mesures appropriées ne sont pas adoptées à temps. Ainsi, nous proposons un Plan d’Urgence sur une période de trois ans qui prend en compte la nécessité de procéder à des réformes dans la gestion de l’Etat, des mesures temporaires pour abaisser le coût de la vie, et le lancement de plusieurs grands chantiers pour créer du travail, tout en mettant en place des structures pour la décentralisation du pays. Car, comme pour les dernières émeutes, nous pouvons prévoir d’autres bien plus graves qui pointent déjà à l’horizon.

En effet, le 9 mars dernier, nous avons lancé l’avertissement dans L’AVANT PROPOS du texte I, de la série « AVANT QU’IL SOIT TROP TARD », pour dire que le risque d’avoir des émeutes dans le pays était imminent. Nous avons tenu compte d’un seul facteur qui est la récession qui frappe actuellement les Etats-Unis, là d’où vient la plus grande partie des transferts de la diaspora qui tiennent l’économie du pays à flot et qui permettent à une bonne partie de la population du pays de survivre, de trouver de quoi manger, d’envoyer leurs enfants à l’école, de payer pour les soins médicaux, de payer leur loyer etc. etc. etc. Mais, nous savons tous, en plus de la récession américaine, les prix des produits que nous importons ont augmenté et continuerons à augmenter. Cela est dû à la hausse des prix du pétrole et une forte augmentation de la demande pour les produits alimentaires sur le marché international qui dépasse l’offre des pays grands exportateurs. Une situation de rareté qui est très favorable à la spéculation également.

Considérons d’abord la récession économique aux Etats-Unis et son impact sur la diaspora haïtienne dans ce pays. C’est le troisième mois successif que les entreprises aux Etats-Unis ont envoyé au chômage plusieurs dizaines de milliers de travailleurs. Nos compatriotes qui sont en situation illégale sont très affectés par cette situation. En fait, le nombre d’Haitiens licenciés n’apparaît pas dans les statistiques, car ils ne sont pas en position d’aller réclamer des allocations de chômage. Etant des employés sans qualification technique et sans papiers légaux, ils sont les premiers à être renvoyés par les entreprises de service et les petits employeurs là ou ils travaillent. Ensuite, ils ne sont pas membre de syndicat ou d’aucune autre structure à travers lesquels ils pourraient faire passer leurs revendications. Ils sont obligés de prendre leur drame au cœur et de vivre sur leur épargne. Nous devons savoir que ce groupe de la diaspora est de souche récente et a laissé de la famille aux pays et des relations de bon voisinage de cousins et cousines. Donc, c’est ce groupe qui supporte le plus le pays et envoie des provisions et de l’argent régulièrement, et pour toutes les occasions, à la famille et au voisinage.

Visitant un ami de Floride qui est sans papier, il nous a raconté, c’est la première fois qu’il est en train de vivre une situation si pénible. D’après ce qu’il nous a dit, il envoie la plus grande partie de ce qu’il gagne en Haiti. Une partie va à sa famille et ses voisins. Le reste, on le dépose pour lui dans un compte d’épargne de Port-au-Prince, d’où il tire des fonds pour financer la construction d’une petite maison pour son père, sa mère, sa femme et ses enfants et quelques parents qui habitent avec eux dans une maison qu’il a affermée au bas de Delmas. Sa famille est de la province du Sud, et il est très fier d’avoir pu les faire rentrer à la capitale et considère un succès d’avoir pu faire tout cela. Mais, avec le prix du ciment et du fer qui avait augmenté considérablement, il avait pris la décision de camper sur le chantier de la maison ; et il a du prendre de ces fonds pour aider sa famille à tenir les deux bouts, car tout est devenu plus cher depuis la rentrée des classes, l’année dernière. Entretemps, il a perdu son job et ne sait pas à quel saint se vouer. Il ne gardait pas d’argent, ici, en Floride, car sans papier, il ne pouvait pas prendre la chance d’aller à une banque faire un dépôt. Il a toujours eu, à la maison, juste de quoi tenir jusqu'à la prochaine paie à son travail. Maintenant, il a déjà demandé à sa famille de retirer un peu d’argent qu’il avait à la banque en Haiti, et de le lui envoyer afin qu’il puisse vivre en attendant qu’il trouve un travail pour se débrouiller. Mais, il nous a dit, son plus grand problème c’est la peur. Il a toujours peur. Peur quand il va au travail, car s’il voit un policier venir dans sa direction, il a peur que cet agent procède à son arrestation et le déporte en Haiti. Il a peur quand il monte dans un autobus, car si quelqu’un le regarde trop, il pense qu’il pourrait être un agent de l’immigration des Etats-Unis qui l’arrêterait pour le déporté en Haiti. Il a peur le soir quand il est sur son lit et que quelqu’un frappe à la porte, car il se pourrait que ce soit un agent qui veut l’arrêter pour le déporter en Haiti. Il a beaucoup peur d’être déporté en Haïti. Malgré qu’il aime beaucoup son pays, il a du se refugier à Miami pour avoir la chance de trouver un job et gagner honnêtement sa vie. Mais, maintenant, il a très peur, que déporté en Haïti, il va se trouver dans la même situation qu’avant, sans travail, sans avenir, dans le pays. Sa situation est semblable à celle de milliers d’autres Haitiens qui vivent dans la diaspora.

Les Haïtiens qui jouissent de la résidence légale ne sont pas mieux lotis. Ils subissent la crise de façon très dure, et un consultant des organisations de base, en Floride, nous a dit que plusieurs milliers de membres de la diaspora ont déjà perdu leurs maisons ou sont en voie de les perdre dans le tumulte de la crise immobilière. D’après son analyse, les couches les plus faibles de la société américaine sont les premières victimes de la crise immobilière aux Etats-Unis. Cette crise, rappelons-nous, a pour base que des entreprises d’hypothèques avaient financé des maisons pour des milliers d’acheteurs qui n’étaient pas qualifiés pour obtenir une hypothèque, soit par manque de ressources financières pour faire un acompte ou pour payer l’hypothèque régulièrement. Les financiers ont, en réalité, fermé les yeux sur ces détails pour entrer sur ce marché ou ils ont chargé des taux d’intérêts très élevés et ont réalisé des commissions exorbitantes. Ils ont vendu à ces acquéreurs non avertis des hypothèques qui n’exigeaient pas de gros versements de départ, mais exigeaient des paiements croissants. Ce marché de dupe s’est effondré quand les paiements mensuels vinrent à dépasser largement les revenus de ceux qui ont fait l’acquisition de leur maison avec ces contrats contraignants. Les vendeurs de ces genres d’hypothèques avaient ciblé les couches sociales économiquement faibles, comme les membres de la diaspora Haïtienne pour qui avoir une maison aux Etats-Unis est un rêve très caressé, comme aussi envoyer leurs enfants à l’université et obtenir la résidence légale. Donc, actuellement, la communauté Haïtienne est très affectée par la crise immobilière qui peut se traduire par une chute importante dans les transferts d’argent qu’ils font pour leurs parents et amis restés au pays. Ceux qui avaient acheté leurs maisons dans de bonnes conditions, le plus souvent prenaient une seconde hypothèque pour financer la construction d’une maison en Haïti, pour leur famille et leur retraite. Donc, la tendance est pour eux, aujourd’hui, de cesser ces investissements. Cela va ralentir le secteur de la construction, le plus dynamique de l’économie du pays.

Il y a de nombreux autres points, révélés par une enquête réalisée récemment par la Banque Interaméricaine de Développement (BID) sur des communautés d’immigrés aux Etats-Unis, qui peuvent s’appliquer à la communauté Haïtienne également.

La question de la vie chère dans le pays, comme nous le savons, est très marquée par le prix du pétrole qui à presque doublé en moins de deux ans. D’après les prévisions sur le marché international, les prix continueront à augmenter dans les prochains mois. Ainsi, cela va continuer à affecter le coût de la gazoline et du diesel dans le pays qui est utilisé pour le transport public. Donc, les travailleurs, les petits commerçants, les élèves et étudiants qui utilisent ce service de transport auront, dans les mois qui viennent, une situation encore plus difficile que maintenant si un Plan d’Urgence ne prend pas en compte leur situation.

Les prix des céréales, comme le riz et le blé, pourraient baisser avec l’augmentation de la production dans les grands pays exportateurs. Car, les producteurs vont chercher à prendre avantage des prix élevés sur le marché international. Mais les analystes croient que la production restera en-dessous de la demande du à la consommation qui va continuer à augmenter dans les pays comme l’Inde et la Chine où les populations ont beaucoup plus de revenus et consomment beaucoup plus de nourriture qu’avant. Certes, il faut ajouter à tout cela la spéculation qui va empêcher au prix de revenir au niveau des années précédentes.

Donc, la vie chère va continuer dans le pays tant que la production n’augmentera pas. Mais, s’il n’y a pas de travail, même si les prix baissaient un peu, les gens continueront à ne pas avoir d’argent pour en acheter. Donc, sitôt que la saison des fruits passera, nous allons recommencer à ressentir cette faim atroce. La population va être à nouveau très mécontente. Ainsi, le risque de voir surgir une situation chaotique généralisée avec une tendance anarchique et des émeutes partout, n’est pas à écarter. Si la situation de la population continue à se dégénérer et que les mesures seraient de diminuer le nombre des emplois au lieu de les augmenter, et qu’on ne sait plus à quel saint se vouer pour enrayer le mal, il va arriver un moment où les forces de sécurité perdront le contrôle des rues. La pression continue sur les forces de sécurité, si elle prenait des proportions très importantes, pourrait aussi forcer des pays qui composent la MINUSTHA à faire le retrait de leurs troupes. Ceux qui ont faim n’entendront pas raison. Car, ventre affamé n’a pas d’oreilles. Ils voudront avoir des solutions concrètes à leur problème. N’attendons pas trop avant de trouver les solutions. Gouverner c’est prévoir.

Par deux fois, nous avons essayé d’attirer l’attention du Président de la République sur le sujet. Le patriotisme nous a porté à écrire au Président. Dans la première lettre datée du 19 avril 2007, nous avions mentionné que des dispositions pourraient être prises afin de mobiliser les ressources humaines, financières et techniques, tant sur le plan local que dans la diaspora, en vue de supporter un effort national pour relancer le programme de déconcentration et de décentralisation qui a le potentiel de créer au moins cent quatre vingt mille (180.000) emplois dans les municipalités de nos provinces, pendant son quinquennat, en mettant l’accent sur les jeunes, le renforcement des mairies et la création de milliers de petites entreprises capables de générer ces emplois.

Dans une nouvelle lettre datée du 4 février 2008, pour le remercier de son amabilité de nous avoir envoyé une carte de fin d’année qui faisait les souhaits d’un pays plus juste et prospère, nous nous sommes permis de répéter au Président que les Haitiens ont soif de travailler pour leur pays et qu’il avait une occasion historique de les entraîner dans cette voie et de leur donner satisfaction. Ainsi, il y aurait lieu de lancer un plan très ambitieux afin de les mobiliser et créer un vrai engagement pour le progrès du pays.

Comme l’a dit récemment, Robert Zoellick, le Président de la Banque Mondiale, « les pauvres et les affamés ne peuvent pas attendre. » Il faut un Plan d’Urgence. Mais, nous devons profiter aussi de ces circonstances graves pour mettre au point un Plan de Développement Régional afin de décentraliser le pays, et poser les jalons pour un plan de Modernisation sur les 25 prochaines années qui est un souhait cent fois répétés du Président René Préval. Nous devrions faire en sorte que ces situations d’urgence ne continuent plus à se répéter, comme quoi, nous avons une manie de ne pas anticiper ce qui peut arriver.


SCHEMA DU PLAN D’URGENCE DE 2008

I. Adoption de mesures d’austérité pour dégager du trésor public 6 milliards de gourdes l’an pour alimenter 3 Banques de Développement Régionales qui grace à des instruments financiers émis par un Fond de Développement Régional solliciteront les investisseurs Haïtiens dans le pays et à l’étranger à participer à cet effort national axé sur des pôles de développement régionaux.
II. Modernisation et équipement de trois villes régionales, Cap-Haitien, Cayes et Hinche, qui devront servir de points focaux pour les Pôles de Développement articulés dans le Grand-Nord, le Grand-Sud et le Grand-Centre du pays.
III. Passation par le parlement d’une résolution pour reconnaître comme un cas de force majeure que la capitale du pays, le siège du gouvernement, soit établi chaque année, alternativement, dans l’une des trois régions pour, de ce fait, servir à dynamiser la modernisation desdites régions et leur valorisation.
IV. Restructuration du Budget National pour allouer un minimum de 20% des fonds à la déconcentration administrative et à la décentralisation qui inclurait une dotation financière des mairies sur une base proportionnelle et une partie des fonds servirait à financer des projets municipaux selon les critères établis par le gouvernement central.
V. Négocier un Moratoire avec les bailleurs de fonds internationaux afin que les mesures de développements régionaux qui visent à relancer la production, créer de multiples nouvelles entreprises et de la richesse, et générer du travail pour les milliers de chômeurs sans ressources, puissent commencer à avoir leurs effets positifs avant de procéder au licenciement massif dans le cadre de la reforme des entreprises publiques. Les négociations porteront aussi sur l’utilisation rationnelle d’une partie des réserves de la Banque Nationale (BRH) dans le financement du programme de développement des pôles régionaux.
VI. Compte tenu de la dégradation de la vie quotidienne et de la frustration manifeste de la population face à la montée des prix, dans l’intérêt de la paix des rues, des dispositions devaient être prises pour apporter un soulagement aux groupes les plus sensibles de la population. Ces dispositions pourraient s’étendre sur une période de 3 à 6 mois et les manques à gagner qu’ils pourraient entrainer pour le trésor public seraient absorbées par la réduction des dépenses prévues dans les mesures d’austérité dans le gouvernement.
Les Mesures d’Austérité et de Réforme Administrative
Le but de ces mesures serait de réduire les dépenses de fonctionnement de l’Etat et de dégager la somme de 6 milliards de gourdes pour financer le Plan d’Urgence. La moitié de cet argent, soit 3 milliards, doit servir de capital initial pour un Fond National de Développement Régional (FNDR) qui à travers 3 Banques Régionales de Développement (BRD) financera une série d’activités dans les 3 Pôles de Développement Régionaux (PDR). Les mesures d’austérité seront les suivantes :
1- Réduction du Budget de la Présidence de 50%
2- Réduction du Budget de la Primature de 50%
3- Redistribution des Portefeuilles Ministériels afin d’économiser 20% du budget de fonctionnement et de rendre le cabinet ministériel du gouvernement plus efficient, et doter les ministères de missions capables de répondre aux exigences du moment. Le nombre des Ministères se réduirait à 10 dans le respect des prescriptions constitutionnelles.
Il est bon de noter que dans la nouvelle formulation du Cabinet Ministériel, seul les Ministres formeront le Cabinet Ministériel. Et chaque Ministre d’Etat aura son propre cabinet formé de Secrétaires d’Etats, de Directeurs Généraux et de Directeurs Centraux. Dans le cadre de l’application des mesures de déconcentration administrative, certains Secrétaires d’Etat pourraient avoir leur office dans une capital régionale dans le but de se trouver à proximité de leur centre d’opération et de renforcer l’administration régionale.
LES LIGNES DE FINANCEMENT DES BANQUES REGIONALES
Chaque Banque de Développement Régionale (BDR) sera dotée par le Fond National de Développement Régional (FNDR) d’un capital initial de 1 milliard de gourdes tiré des 6 milliards dégagés par les mesures d’austérité. Le Fond continuera à faire appel à des capitaux par la vente de bons à terme émis avec des coupons de $10, pour permettre d’attirer la participation des investisseurs à faible revenu du pays et dans la diaspora. Les estimations préliminaires font prévoir que la levée de fond par le FNDR pourrait être de $150 millions en moyenne l’an, soit $50 millions par région. Cette prévision représente aujourd’hui à peu prés 10 % du transfert annuel de la diaspora vers Haiti.

Ces fonds seront régis par les règlements internationaux dans le domaine, et consacrés à financer les 3 régions désignés et des activités rentables uniquement, telles que :
1- Construction de bâtiments, de centres commerciaux et de logements
2- Développement de 3 campus universitaires pouvant accueillir un minimum de 15 mille étudiants, soit le nombre d’étudiants haïtiens qui étudient actuellement en République Dominicaine
3- Développement d’un réseau régional de Collèges Techniques, d’Art et Métiers avec la capacité d’accueillir 9 mille étudiants pour supporter le plan régional
4- Développement d’un système de service de soins de santé avec une capacité intégrée de 3 mille lits d’hôpitaux
5- Développement d’un réseau de lacs artificiels pour l’approvisionnement en eau d’irrigation pour l’agriculture et en eau potable pour la population des villes et des villages
6- Développement de systèmes de production et de distribution de l’énergie solaire, éolienne, et de bioénergie telle que le biodiesel et l’éthanol
7- Développement d’un réseau d’auberges pour accueillir les touristes locaux et étrangers
8- Financement de petites et moyennes entreprises dans le secteur industriel, de l’agro-industrie, des coopératives agricoles, d’élevages et d’artisanats
9- Financement de coopératives de distribution commerciale et de service
10- Financement d’entreprises professionnelles organisées en réseau régional

Il faut noter que le financement du FNDR représentera l’étape initiale du financement d’un Pôle Régional de Développement (PRD). Une fois le test de résultat traversé, il y aura d’autres efforts du FNDR pour obtenir le financement d’institutions financières internationales spécialisées et le Fond cherchera également à attirer des investisseurs du marché financier international qui s’intéressent au pays en développement. L’objectif final serait d’absorber un financement d’environ $1 milliard par région. Nous avons, dans la diaspora, des financiers avec la compétence et l’expérience nécessaire pour prendre charge du Fond National de Développement Régional et le conduire pour le succès de sa mission. Ses compétences n’attendent que l’opportunité de contribuer.
LES MESURES IMMEDIATES DE REDUCTION DE LA VIE CHERE
Les mesures d’urgence de réduction de la vie chère seraient envisagées pour avoir une application provisoire et certaines auront une application limitée et circonscrite à une région spécifique. La situation de vie chère qui affecte la population est directement liée au déficit dans la production alimentaire par rapport aux demandes, l’augmentation des prix du pétrole et ses conséquences sur les prix des produits, et le transport, l’absence de travail pour créer des revenus et permettre à la population de payer pour les biens et services, même quand leurs prix augmentent. Les manques à gagner et les dépenses qu’entraineront ces mesures seront compensées par la réduction des dépenses de fonctionnement envisagées dans les mesures d’austérité. Ces mesures pour soulager la population seront de plusieurs ordres :
Administratives et Fiscales : Les ports des villes de province seront ouverts et leur contrôle administratif renforcé afin de leur permettre de recevoir les marchandises alimentaires qui bénéficieront, sur une période de trois mois, d’une réduction de 50% du tarif douanier courant. Les tarifs seront rétablis à leur niveau actuel, graduellement, sur la période de trois mois qui suit.
Les matériaux de construction, tels le fer, le ciment et autres, bénéficieront de cette réduction aussi sur la base de ces mêmes périodes.
Alimentaire : Des coupons pour l’achat de produits alimentaires seront offerts à travers les mairies et les écoles de certaines zones ciblées, pendant une période de 3 à 6 mois.
Transport Public : Des coupons de réduction de prix du gallon de gazoline et de diesel seront délivrés aux chauffeurs des véhicules de transport public, à travers les syndicats de transport. De sorte que les prix chargés aux passagers pourront être réduit sur la base du montant des coupons qui seront négociés avec les syndicats du transport en commun.
Les taxes sur l’immatriculation et les vignettes des véhicules publics seront calculées sur une période de 3 ans. Pour la première année, le paiement de ces taxes seront de 20% du montant à payer sur les 3 ans ; de 30% la deuxième année et de 50% la troisième année, basée sur un protocole qui sera signé avec les syndicats du secteur transport.
Emplois pour les Jeunes : Environ 3000 étudiants seront engagés pour des emplois temporaires de 3 à 6 mois. Leur occupation sera, en grande partie, dans l’exécution des mesures d’urgence, et les plus qualifiés parmi eux seront engagés pour des stages dans l’administration publique.
Les mairies dans certaines zones ciblées recevront une dotation pour engager des jeunes pour créer des pépinières forestières communales. Ces pépinières, d’essences diverses, viseront à préparer des millions de plantules dans le cadre d’un programme national de reforestation.
Toutes ces séries de mesures viendront en complément à celles déjà en cours et devront être consolidées pour éviter les répétitions et le gaspillage dans cette période d’austérité nationale.

SCHEMA DU PLAN D’URGENCE PROPOSE EN DECEMBRE 1986

Pour sortir de la crise que nous vivons actuellement un train de mesures s’impose pour apaiser la situation des couches les plus défavorisées de la population.

1- Austérité : Il y a moyen d’adopter des dispositions, pour dégager de nos propres ressources un budget exceptionnel de CINQUANTE MILLIONS DE DOLLARS, au moins. Mais il faut nécessairement la volonté d’appliquer ces mesures.
a) Réduire le salaire des membres du gouvernement de 50% (CNG et Cabinet ministériel).
b) Ramener les plus hauts salaires et allocations, dans tous les bureaux de l’Etat, sans exception, à un niveau supportable dans l’immédiat.
c) Vendre toutes les voitures de luxe, indistinctement en usage dans les services de l’Etat. (les réexporter s’il y a lieu)
d) Transférer un certain nombre de ministères au palais national, qui deviendra de ce fait, le palais du gouvernement.
e) Vendre les bâtiments logeant des ministères, comme celui de l’information, de la justice, des sports etc.…
f) Vendre tous les biens ayant appartenu à l’ex-président qui sont localisables, ou saisis par l’Etat Haïtien à l'extérieur.
g) Fermer provisoirement les représentations diplomatiques d’importance secondaire.

2- Création d’Emplois : Au fur et à mesure que les fonds dégagés des mesures d’austérité seront collectés, ils seront alloués à des activités à haute utilisation de main-d’œuvre.

a) Travaux de construction : Entamer les travaux pour la deuxième route de Carrefour, débuter celle qui reliera le Plateau Central à l’Artibonite, en passant par Mirebalais, réparer et agrandir la route qui relie Gonaïves à Port-de-Paix, améliorer la route d’Ennery, St Michel de L'Attalaye, entamer la route de Baradères-Jérémie, commencer les travaux de réparation du Bassin Général (Plaine du Cul-de-Sac), également ceux de la Rivière du Limbé, et des travaux de protection contre la crue des ravins à la Gonâve.
b) Travaux forestiers et agricoles : Préparation d’une pépinière de six millions de plantules, d’essence diverses, reparties dans dix zones de plantations. Création d’un programme de plantation de dix mille hectares de terre en ananas, dans plusieurs régions du pays. Création d’un programme de plantation de vingt mille hectares de terre en manioc, dans cinq régions du pays.
c) Artisanat : La passation d’une commande, d’un million d’exemplaires, de lanternes décoratives en « Kit », des adolescents désœuvrés de la capitale. La passation d’une commande de plusieurs millions d’exemplaires d’articles en latanier, sisal, baneco, céramiques, etc.… des artisans ruraux.
d) Travaux d’embellissement : Repeindre tous les édifices publics des villes et encourager le commerce et l’industrie à en faire autant. Réaménager toutes les places publiques des villes. Monter des brigades, sous contrat, pour ramasser les détritus dans toutes les villes.

3- Abaissement du coût de la vie : D’autres mesures devront suivre ces dernières, pour abaisser le coût de certains produits, surtout en ce qui concerne les produits agricoles.

a) Importation du bois brut, et du charbon en vrac par le port de Miragoâne.
b) Importation du ciment par le port des Gonaïves.
c) Elimination de toutes les taxes sur l’irrigation pour l’année fiscale 1986 – 1987.

Il serait sage qu’un tel plan soit mis en place avant le début des élections, bien que cela pourrait impliquer le report de la date desdites élections. La situation est explosive, et les élections ne feront qu’exacerber les clivages, et occasionner des affrontements entre les forces en présence. Aucun vrai patriote ne souhaite, en fait, voir la population s’entretuer et pratiquer un suicide collectif.

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