samedi 10 janvier 2009

VII- RESTRUCTURATION DE LA COMMUNAUTE RURALE ET URBAINE


Construisons Ensemble un État Démocratique, Moderne et Prospère

Par Paul G. Magloire
Décembre, 1986
(PAGES RETROUVÉES VII)



RESTRUCTURATION DE LA COMMUNAUTE RURALE ET URBAINE

L’histoire est morte dans la communauté rurale depuis 1804. En deux siècles la vie du paysan Haïtien n’a presque pas changé. La population rurale est très disséminée et une bonne partie de cette population habite des zones montagneuses. Les villages sont des rassemblements de quelques dizaines de cahutes à toit de chaume. Les zones les plus favorisées ont des agglomérations plus importantes où des maisons sont recouvertes de tôle ondulée. Il faut laisser les villages pour aller vers les villes communales et rencontrer un début d’urbanisation, c'est-à-dire une organisation systématique de constructions de routes, d’infrastructures et de services publics. Très peu de ces grandes localités sont équipées d’un service d’eau potable et d’électricité. En général, la majorité des maisons n’ont pas de toilettes et de lieux d’aisance. Les commodités du logement, naguère marquaient la différence entre le monde rural et la communauté urbaine. Plus maintenant, car durant ces dernières décennies, la ruralisation des villes haïtiennes, s’est étendue jusqu'à la capitale. La vague de migrants laissant les campagnes haïtiennes vers les villes s’est poursuivie à un rythme continu et le déplacement de cette population s’est faite par étapes successives. Dans une première étape, le paysan laisse la campagne pour la ville communale avoisinante, où le séjour est très court et le voyage se poursuit jusqu’à un centre urbain plus important et finit à la capitale. Le paysan qui vient du village a été précédé, dans sa migration vers la capitale, par la population des petites villes de province. Tout ce monde a été chassé du milieu rural par les conditions de vie qui se sont dégradées au fil des ans pour atteindre le seuil insupportable de la pénurie et de la misère.

Dans la communauté rurale les gens sont privés de presque tout, et le peu qu’il y a existe en quantités inadéquates. L’essentiel du revenu de la population rurale est tiré de l’agriculture. Les rendements de l’activité agricole par agriculteur sont très faibles, car l’agriculture est pratiquée de façon rudimentaire avec des instruments aratoires qui sont restés inchangés depuis l’ère coloniale. Ensuite, la croissance démographique a réduit à une petite parcelle de terre la superficie moyenne exploitée par paysan.

Il y a également un aspect marquant dans la situation du monde rural, c’est la dégradation des sols cultivables. La majorité des exploitations agricoles sont situées en des zones de montagne, et les terres des pentes ne sont pas exploitées de façon appropriée de sorte qu’elles sont ravagées par l’érosion. Les dures conditions d’existence du paysan le poussent à détruire involontairement les bases de sa survie. Pour préparer le terrain de sa parcelle à la culture, il brûle les broussailles et procède à la coupe des arbres qui sont transformés en charbon, en bois à brûler ou en planches. Les terres des montagnes ainsi malmenées ne résistent plus aux pluies tropicales. Quand il pleut, on peut voir une eau boueuse descendre des montagnes ; c’est la vie qui coule vers la mer. Par endroit, le sol apparaît ensuite comme les ossements d’un corps desséché par le soleil. Le paysan tire d’un travail dur et pénible de son jardin juste quelques sacs de grains et de vivres qui suffisent à peine à nourrir sa famille. Une partie de cette récolte, pourtant, est confiée aux enfants et aux femmes pour être vendue aux marchés des villes. Ce que le paysan gagne de la vente de cette marchandise, il le dépense pour payer l’huile de cuisine, le kérosène d’éclairage et quelques articles vestimentaires pour les membres de sa famille. Par manque de moyens, la consommation dans le monde rural est presque nulle, et le paysan n’est pas en mesure de payer les avantages qu’offrent la civilisation moderne : nourriture riche et variée, soins de santé, éducation, logement décent etc.

La vie quotidienne dans le monde rural est assujettie à tous les aléas de la misère et de la privation. Le paysan n’a pas d’épargne pour se prémunir contre les imprévus, et il ne peut également économiser pour investir dans l’amélioration de sa production. La famine est alors une situation permanente. De plus, les revenus des villes communales, qui dépendent de cette production agricole rachitique, sont tout aussi faibles. Donc, les services sont peu variés et atteignent un niveau rudimentaire. Ainsi, la population rurale ne trouve qu’une issue à sa désespérante situation : fuir ce monde d’incertitudes de sa communauté originelle, vers d’autres lieux, ou d’autres cieux.

Le dépeuplement du monde rural est un phénomène qu’a connu la majeure partie des sociétés modernes à un stade de leur développement. Mais, cela s’est passé dans des conditions différentes de la façon qu’elle est en train de se produire chez nous aujourd’hui. En principe, quand l’évolution technologique, comme la mécanisation agricole, les semences améliorées, les pesticides et les engrais, pénètre dans le monde rural, elle libère une partie des paysans des taches de la production agricole. Une partie de ces paysans démobilisée est incorporée dans les nouveaux services qui sont créés après avoir reçu une formation adéquate. Et le reste, pour échapper au chômage, se déplace vers les villes. À ce moment, les villes sont en plein essor de développement avec du travail qui est créé dans le secteur de l’industrie et des services. Les anciens agriculteurs arrivés dans les villes se reconvertissent à de nouvelles taches de production.

Chez nous, malheureusement, le déplacement des populations est du à un appauvrissement général de leur cadre initial. En plus, les paysans qui évacuent le monde rural sont en majorité analphabètes. Ils n’ont pas de métiers et d’apprentissage technique sinon qu’à des niveaux très élémentaires. Leurs rudiments de connaissance ne suffisent pas à faciliter leur intégration dans l’activité économique des villes. Et les villes de leur coté sont en plein dépérissement, de sorte que cette nouvelle vague de population doit se contenter de s’agglutiner en marge des villes dans des zones désolées et dépourvues du minimum décent de condition sanitaire et de service. C’est le phénomène de la bidonvilisation à outrance. La population marginale à Port-au-Prince par exemple, est à peu près trois fois supérieure à la population intégrée dans l’armature urbaine. Dans les bidonvilles le chômage est roi. Les gens travaillent un jour sur cinq, se nourrissent un jour sur trois, et sont logés dans des conditions précaires, se relayant pour dormir. Pour survivre, ils ont conservé des rapports constants avec le monde rural qui leur envoie, par intervalles, l’essentiel des nourritures qu’ils consomment. Par eux-mêmes, ils établissent une forme de production identique à celle des zones rurales. C’est courant de voir des jardins d’haricots, de maïs, ou d’autres cultures de jardin, dans le centre de Port-au-Prince, à proximité de quelques petites cahutes. Et, il n’est plus une surprise pour un automobiliste habitué aux routes de Port-au-Prince de devoir freiner sa voiture pour laisser une horde de cabris ou de bœufs traverser une artère principale de la capitale. Les membres marginalisés de l’expansion des villes deviennent également des petits entrepreneurs ou des artisans pour les plus habiles. Mais en grande partie, ils doivent se contenter de survivre en chômage déguisé, devenant domestique dans une maison privée, laveur de voiture, cireur de chaussures, et, pour les plus indépendants, des petits marchands de pacotille ou autres...

Ce monde à moitié rural et à moitié urbain n’a en lui-même rien d’effrayant, car par l’esprit d’entreprise qui l’anime, son goût du risque, et son niveau élevé de combativité, il porte en lui les germes de l’avenir. Encadrés, entraînés, orientés il pourrait sortir de son état actuel et apporter une contribution appréciable à l’essor de la communauté et au développement des villes. Toutefois, pour eux, c’est fini la campagne. Car leur situation, comme nous en admirons le spectacle aux abords des villes, est déjà supérieure à celle qu’ils confrontaient antérieurement. Donc, chercher à les convaincre des vertus de la vie campagnarde, c’est tout bonnement leur demander de retourner à une lourde, pénible et ingrate tache de produire pour toute une société qui les a toujours méprisés. Cela ne les intéresse guère, et cela va de soi. Si, aujourd’hui, on s’intéresse réellement et sincèrement à eux, il faut regarder dans un autre sens, à les intégrer. Pour relancer la production nationale tout le monde doit apporter du sien. Nous devons comprendre que la production agricole uniquement, et le monde rural seul, sont incapables de porter la charge du développement national. Le dit que : « la politique agricole soit la seule, la vraie » est un vieux mythe du passé, une vielle défroque usée à mettre au placard. Cependant, il faut croire profondément que le changement est possible. Ce pays était naguère une place où il faisait bon vivre. Il peut le redevenir. Mais il a certainement besoin pour cela de la bonne foi, de l’amour, de la solidarité et du courage de chacun de nous, sans monopole ni exclusivité.

UNE NOUVELLE TRANCHE D’HISTOIRE

Le « Programme Bon Départ » est prévu pour relancer la vie économique dans les provinces et par voie de conséquence entamer la Renaissance Nationale à la base même du pays. Tout va commencer dans les sections rurales. Une provision budgétaire de CENT MILLE DOLLARS ($100.000) sera allouée à chaque section communale. Ces fonds seront affectés à la création d’un centre communautaire de village, et d’une unité de production d’après les potentialités de chaque zone. Le bâtiment qui devra loger le centre communautaire sera construit suffisamment spacieux pour recevoir d’autres services publics, tels que le bureau de la Fédération des Coopératives, celui de la Société Générale de Services (SOGESE), et une salle d’audience à usages multiples. La municipalité construira un autre bâtiment pour loger le bureau du contrôleur général, celui de la justice, du service de l’impôt et taxe, le bureau de l’aménagement et du domaine, et celui de l’officier d’état civil.

La SOGESE apportera de nombreux services aux gens du village. Sur une base locative, elle pourra utiliser la salle d’audience pour des séances de projection sur vidéo ou sur écran, dans le cadre de ses cours de formation permanente dispensés à des membres du village. C’est l’agent de la SOGESE qui obtiendra de l’Etat Fédéral le contrat du service des postes et télégrammes. À cette fin, il pourra employer des commis qu’il dépêchera quotidiennement au bureau central de la commune. L’une des contributions importantes de l’agent de la SOGESE, est qu’il recevra une formation qui lui permettra de formuler et de préparer les projets pour les membres du village et pour les coopératives également quand il y a lieu.

L’essentiel de l’action d’une autre agence de la fédération le CAP, se canalisera au village vers les coopératives et les petites unités de production artisanale. Il prendra à sa charge les coûts de préparation des projets qui lui seront présentés pour financement. Le financement du CAP à ces entreprises sera à long terme et à des taux modérés également. Le CAP se réservera d’apporter aux micro-entreprises villageoises, par l’entremise de la SOGESE, toute sorte d’appui qu’elle jugera nécessaire à leur réussite. En général, ce sera l’entraînement et la formation des cadres.

Le bureau de la fédération des coopératives sera l’entité de liaison entre les coopératives du village et celles d’instances supérieures placées dans les communes dans les capitales régionales, et au plus haut niveau dans la capitale fédérale. Le bureau du village offrira un encadrement technique et administratif aux coopérants de la localité. Les coopératives pourront s’orienter vers toutes sortes d’activités de production, de transformation et de service : agriculture, élevage, transformation artisanale, caisse populaire, commerce, transport, éducation, médecine, logement etc. Les coopératives seront prioritaires pour la vie économique du village. En Exemple, la coopérative d’achat et de vente permettra un contrôle sur le cout de la vie en modérant l’évolution des prix des produits de base de première nécessité. Tous les matins, le bureau régional de la fédération des coopératives fournira à la coopérative locale le prix de base des produits pour la journée. Ces prix seront établis en fonction de certaines données sur les cours de la veille, des stocks disponibles dans la région, et des indices de variation fournis par la direction du niveau de vie. Ce qui permettra à ces coopératives de passer leur commande et de procéder à des ventes sur le marché ou avec le Bureau National des Etats d’Urgence (BNEU).

A la longue, avec l’appui du CAP et de la SOGESE un nombre important de micro-entreprises individuelles, familiales et de coopératives apparaîtront au village. Les villageois seront incités à préparer et à empaqueter le riz, le maïs, les haricots. Ils seront encouragés à transformer les produits d’origines agricoles tels que la canne en sirop, clairin et d’autres breuvages alcoolisés mélangés à des essences locales. Les activités de confiserie auront à se répandre dans les régions où on trouvera les produits de base pour la préparation du mamba, de la gelée, des compotes de fruits, de la confiture, des caramels au chocolat, du miel, des tablettes de sucre à base de fruit, de la pâte de goyave, du confit de piment, du gruau en bocal, de la cassave et des produits à base de manioc ou d’amidon. Le lait sera transformé en fromage et en beurre, de la viande sera charcutée en salaisons et en saucissons. Il y aura des coopératives de tissage, de broderie, de peinture, de vannerie, de sculpture sur marbre et sur métal ; des ateliers de travail du cuivre où l’on fabriquera des articles décoratifs et des bijoux de fantaisie ; des ateliers de menuiserie, de papier mâché et même des ateliers de fabrication de fanaux de Noël en pièces détachées pour l’exportation. Un soin particulier sera donné au développement des petites entreprises de plantes aromatiques et de plantes médicinales.

En somme, la renaissance du village sera une récompense de la démocratisation des institutions politiques et administratives et de la libération de l’énergie créatrice du peuple. Ce peuple qui a été si longtemps opprimé à une capacité d’expression et d’imagination qui est une force. Les activités sportives, le jeu et la fête populaire prendront une place importante dans la vie du village. L’art, placé dans le quotidien de la vie rurale, révélera ce qu’il y a de plus intime dans l’âme de notre peuple et créera une apothéose d’images et de beauté.

Il partira des villages un théâtre populaire puisant son inspiration des contes et des vieux mythes. Ce théâtre sera joué et diffusé dans nos écoles et dans les centres de recréation populaire, à la radio et à la télévision et utilisera tous les moyens modernes à notre disposition. Ce sera de l’art vivant. La Direction des Affaires Culturelles avec l’aide de la Fédération Nationale des Artistes Haïtiens et celle des Galeries d’Art, organisera dans les villages des centres populaires de création artistique. Cette démarche, par certains aspects, rappellera celle de Saint Soleil à Soisson – la montagne. Les artistes des villages auront ainsi l’occasion d’exprimer leurs rêves, leurs aspirations et leurs espoirs selon la totalité de leur vision du monde. « C’est par la culture qu’on peut arriver à changer la nature des choses, les hommes et les sociétés ». Tiga

Chaque section communale sera aménagée selon sa spécificité géographique et l’orientation de sa production. Mais, le principe d’intégration dans l’espace général de la commune sera observé. En général, le plan d’aménagement communal définira cinq zones types dans l’aire de la section. Il y aura des zones de jardins, celles de production vivrières et forestières, ensuite celle de cultures intensives ; des zones de pâturage réservées à l’élevage, et enfin celle des résidences.

La valeur minimale des terres par zone sera déterminée à l’assemblée communale pour chaque zone, sur les propositions de la direction de l’aménagement. Mais le taux de l’impôt foncier sera uniformisé sur tout le territoire national au prorata de la valeur foncière. Le non-paiement de l’impôt foncier, sur une période qui sera déterminée par la loi, entraînera la séquestration de cette propriété par les services concernés. Et celui-ci vendra à l’encan ladite propriété, se paiera d’office et laissera le surplus disponible aux ayants droits à la direction générale des impôts et taxes. Afin de prévenir toutes tendances à la spéculation foncière, la plus-value sur la vente foncière sera soumise à une taxation. Celle-ci sera établie d’après un barème progressif pouvant atteindre des taux de 75%. Les terres de l’Etat seront recensées et affermées à des particuliers à un taux supérieur à leur valeur imposable. Le fermier de l’Etat pourra après 5 années ou 60 mois d’occupation paisible et sans litige d’une terre, exercer une option d’achat. La requête sera soumise à la DIGIT qui la fera parvenir à la chambre fédérale. Les cessions de terre par la chambre fédérale à des particuliers ne pourront se faire qu’en périodes de sessions ordinaires. Dans le dessein de faciliter ce train de mesures, les lois sur la fonction publique redéfiniront la fonction du notaire et de l’arpenteur dans le sens d’une simplification de procédures et de la normalisation des coûts sur les ventes et les successions, puisqu’un Etat moderne ne pourra s’accommoder de la lenteur administrative imposée par les lois antérieures.
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Dans le cadre du renforcement de la politique agraire fédérale, certaines communes pourront adopter des mesures pour inciter les propriétaires à uniformiser l’espace des plantations. Il faut préciser que l’agriculture pourra être réservée uniquement à l’exploitation directe et le métayage comme la gérance ne seront pas reconnus par la loi communale. Il pourra y avoir également des restrictions en matière de superficies tenues par des propriétaires. Par exemple, la loi pourra interdire à tout exploitant de posséder à titre individuel un patrimoine foncier d’un tenant supérieur à 25 hectares. Dans ce même ordre d’idée, la loi prescrira que toute superficie supérieure à 25 hectares, dépendant de la région, devra appartenir à des propriétaires réunis en coopératives ou organisés en société de production. Ces types d’institutions seront astreints aux mêmes lois et privilèges que les institutions identiques. Dans d’autres cas, ces mesures pourront être uniquement incitatives. Pour les mesures de ce genre, le CAP pourra être utilisé par les services communaux. Il interviendra pour canaliser un financement vers des exploitations agricoles de superficie placée entre 5 à 25 hectares, s’il s’agit de réduire le morcellement ou de faciliter la pénétration d’une technologie agricole plus avancée.

En résumé, la politique agraire fédérale sera générale et prudente. Quitte aux gouvernements locaux de prendre les dispositions spécifiques appropriées à chaque localité. Car, toute erreur sera lourde de conséquences et entraînera des dommages irréparables dans un monde rural déjà très affaibli par une politique de centralisation absurde.

La restructuration de la communauté rurale ne consacrera pas la disparition de l’agriculture de subsistance. Le jardin est un concept économique et politique très important dans la communauté rurale. Il assure à la famille paysanne l’approvisionnement quotidien. Et à l’avenir, cette économie de subsistance pourra protéger le monde rural contre l’agression de l’économie d’échange qui pourrait drainer les ressources monétaires des villages vers les villes. On a toujours vu que le déclin de l’économie de subsistance et la montée des monocultures correspondent à une augmentation accélérée des prix des produits vivriers et alimentaires et à une faible évolution du pouvoir d’achat de la majorité des membres de la communauté rurale. Le but du centre communautaire sera de renforcer les structures de la production de subsistance des villageois. Le centre sera un lieu de rencontre où les paysans pourront échanger leurs expériences, parler de leurs difficultés et de leur performance. Les paysans trouveront au centre également une gamme de petit matériel agricole plus approprié aux travaux des champs. Le centre apprendra aux paysans l’utilisation de ces instruments et les leur louera à des prix très abordables. Ensuite, le paysan pourra louer du centre des éléments de cheptel tels que cabris, cochons, volailles de rapports améliorés pour augmenter le rendement de son propre élevage. Enfin, le centre fournira aux éleveurs du village le service sanitaire, et les services d’insémination artificielle pour améliorer le cheptel local.

L’unité de production qui sera créé dans le cadre du programme de dotation, visera principalement, à combler le déficit calorifique et protéique qui affecte la population rurale. Elle apportera un complément en protéines animales à bon marché à la ration quotidienne des familles villageoises. Le choix des unités de production portera sur l’élevage des poissons, des bovins, des ovins et des volailles. Les produits venant de cette unité seront vendus aux gens du village et des environs et les bénéfices serviront à assurer un repas chaud aux enfants des écoles des trois premiers cycles fonctionnant dans les villages.

Si le village sera l’unité de base de la communauté rurale, la ville communale sera l’unité coordonnatrice des activités de cette communauté. En fait, la commune servira d’élément de transition entre la campagne et les grands centres urbains. Elle sera la base pour les services administratifs tournés vers la communauté rurale. Dans la commune on trouvera les grands marchés et les grands magasins, les banques, les assurances, les services de télécommunications, d’électricité, de distribution d’eau potable. Des agences fédérales et régionales s’installeront dans la commune. Avec l’aide du CAP et de la SOGI chaque ville communale sera le siège d’au moins une entreprise à haute utilisation de main d’œuvre. Ainsi des ouvriers pourront laisser le village pour venir travailler dans la ville au cours de la journée. La SOGI financera également des écoles et des centres hospitaliers qui desserviront les membres de la ville comme ceux des villages. Le CAP, de son coté, financera les petites entreprises mobiles de service agricole, lesquelles trouveront un marché important constitué par les centres communautaires, les coopératives et les petites exploitations familiales des villages.

Le gouvernement communal pourra solliciter des emprunts de la fédération ou du gouvernement régional pour améliorer les voies de pénétration jusqu’aux villages. En effet, il y a des routes intérieures qui ont des conditions carrossables si médiocres que les piétons vont plus vite que les véhicules en les parcourant. Il y a des zones qui sont encore isolées faute de voies de communication. Ce seront des taches prioritaires pour les organismes compétents. Il y a également la possibilité pour les gouvernements locaux d’utiliser les organisations communautaires à l’exécution de ces travaux, sur une base de financement partiel. De toute façon, quand la production d’une localité augmentera sensiblement, il sera plus facile pour celle-ci de créer et surtout d’entretenir des voies de circulation adéquate.

L’un des grands besoins des villes communales c’est la création d’édifices pour loger les services publics. Une partie des fonds du programme de dotation sera affectée à cette fin. L’autre partie servira à la réparation des routes, aux travaux d’embellissement de la ville, et à la construction de bains publics et de lieux d’aisance dans les zones de concentration, tels que gare, marché etc. La direction de l’aménagement fournira à la commune l’assistance technique nécessaire pour le réaménagement et l’extension de la ville. L’édifice qui devra loger la mairie sera construit sur la place centrale de la ville, et il sera équipé des facilités adéquates à la fonction du maire et de son cabinet d’assesseurs. D’autres aides seront fournies à la commune par la direction de la construction pour améliorer les conditions de logements et l’apparence esthétique des maisons de la ville. De même, la SOGI financera dans chaque commune un hôtel municipal qui pourra offrir aux touristes locaux un service à des prix modérés. Le budget fédéral affecté au développement aura parmi ses priorités, la création de zones de forêt et de plantations d’arbres fruitiers par l’intermédiaire de l’IREE. Quand cela sera possible, il y aura sous les arbres l’extension des plantations de café, de cacao et de l’élevage de rapport.

L’agriculture, la construction et le tourisme seront les activités qui auront l’impact le plus rapide sur la relance de l’économie du pays, en augmentant le nombre des emplois et l’importance des revenus par famille.

A SUIVRE : CENT QUATRE VINGT TROIS ANS APRÈS

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